27 mars 2013

À ne pas manquer...

Les Amis de la bibliothèque de Montréal ont annoncé la date de leur grande vente annuelle de livres élagués des bibliothèques durant l'année. Elle se tiendra du 27 avril au 5 mai, à l'endroit habituel, l'aréna Étienne Desmarteau dans l'Est de la ville.  Si je me fie sur les éditions passées, il y en aura pour tous les goûts -- romans en français et en anglais, albums pour enfants, revues, bandes dessinées, livres de références, essais -- généralement en bon état et à petits prix!  En plus c'est pour une bonne cause puisque les profits servent à financer des activités d'animation dans les bibliothèques.

Amenez vos sacs, paniers, caisses ou, comme Gropitou, une brouette!

15 mars 2013

The Acts of King Arthur and His Noble Knights

(Le Roi Arthur et ses preux chevaliers)

Ce roman se cachait dans ma PAL depuis des années, attendant son heure, après un séjour d'une durée indéterminée dans celle de Gropitou (qui ne se souvient d'ailleurs pas que ce livre lui appartient, héhé!).  Le temps vint enfin d'en entreprendre la lecture.

John Steinbeck (dont The Grapes of Wrath avait été pour moi un gros coup de coeur il y a quelques années) a entrepris de récrire en anglais moderne l'histoire d'Arthur et des chevaliers de la Table ronde, telle que présentée principalement dans le manuscrit Le Morte d'Arthur de Thomas Malory (XVe siècle).  Il y travailla essentiellement en 1958-59 lors d'un séjour en Angleterre, dans le Somerset, dans la région même où se déroule l'action, et s'il semble qu'il ait continué à vouloir y travailler par après, l'oeuvre fut malheureusement laissée inachevée et fut publiée de façon posthume.

Je dois avouer que les premiers chapitres ont été presque pénibles à lire, et j'ai bien failli abandonner. Le style me semblait saccadé, les personnages complètement désincarnés. Seul m'a surprise le passage où Arthur fait un Hérode de lui-même et, à la suite d'une prophétie de Merlin, envoie à la dérive dans une chaloupe tous les nouveau-nés mâles de la contrée!  Ce bon vieux Walt D. ne nous avait pas raconté ça!

Heureusement que je me suis accrochée, car peu à peu j'ai vu une nette amélioration, jusqu'à trouver carrément jouissives les deux dernières sections (les deux plus longues)! L'écriture est de plus en plus fluide, les personnages prennent vie. On y trouve de fréquentes touches d'humour et même un petit côté érotique!  Des géants, des sorcières, un château invisible, vraiment on est en pleine heroic fantasy!  Finalement, lorsque l'histoire s'arrête abruptement, c'est presque un déchirement!

J'ai compris la raison de cette évolution en lisant la très intéressante correspondance de Steinbeck avec deux de ses collaborateurs qu'on retrouve en appendice dans la version originale anglaise (et qui ne figure pas, semble-t-il, dans l'édition française, ce qui est très dommage!). L'écrivain avait d'abord décidé de suivre fidèlement la construction de phrases de Malory, pour finalement décider de prendre de plus en plus de libertés. De plus, au dire de Steinbeck lui-même, le style de Malory s'améliorait également plus on avançait dans l'oeuvre!  Cette correspondance vient porter un éclairage différent sur le travail qu'a représenté cette traduction. Steinbeck y aborde ses doutes, les obstacles rencontrés, des réflexions sur l'écriture et même ses démêlés avec les douanes anglaises lorsqu'il se fait envoyer ses stylos préférés par son assistant!  Le passage où il parle de l'importance de la transmission orale et du fait que la partie du  cerveau où se trouve la mémoire devait être plus développée avant l'invention de l'imprimerie prend tout son sens aujourd'hui, en ce temps où l'omniprésence de la technologie rend presque caduque cette faculté!

Un extrait de la correspondance:
Alas! I can only agree with you -- Arthur is a dope. It gets so that you want to yell -- Not that again! Look out -- he's got a gun! the way we used to in the old movies when our beloved hero was blundering stupidly into the villain's lair. Just the same as Arthur. But it goes further and gets even into the smart ones. Consider Morgan -- without checking whether her plan to murder Arthur had succeeded, she goes blithely ahead as though it had.  But this is literature. Think if you will of Jehovah in the Old Testament. There's a God who couldn't get the job as apprentice in General Motors. He makes a mistake and then gets mad and breaks his toys. Think of Job. It almost seems that dopiness is required in literature.


The Acts of King Arthur and His Noble Knights de John Steinbeck, 1976, 451 p. incluant 100 p. de correspondance. Titre de la traduction française: Le Roi Arthur et ses preux chevaliers.